La Retraite par Capitalisation : Une Solution d'Avenir face aux Défis Démographiques ?

10.06.25 09:16 PM - Par Karim Bahroune

La Retraite par Capitalisation : Une Solution d'Avenir face aux Défis Démographiques ?

Le système de retraite français, majoritairement basé sur la répartition, fait régulièrement l'objet de débats intenses. Face aux défis posés notamment par le vieillissement de la population, la question de la retraite par capitalisation revient sur le devant de la scène politique et économique. Mais de quoi s'agit-il exactement et quels sont les avantages potentiels de ce modèle ? Explorons ensemble.


Répartition vs Capitalisation : Comprendre les Fondamentaux


Notre système actuel est un système de retraite par répartition. Son principe repose sur la solidarité intergénérationnelle : les cotisations versées aujourd'hui par les personnes actives financent immédiatement les pensions des retraités actuels. C'est un pacte entre les générations.


À l'inverse, un système de retraite par capitalisation fonctionne sur un principe d'épargne. Chaque travailleur cotise sur un compte qui lui est propre (capitalisation individuelle) ou dans un fonds commun (capitalisation collective). Ces sommes sont ensuite investies sur les marchés financiers. C'est l’épargne accumulée, augmentée des rendements générés par les investissements, qui servira à financer la pension du travailleur une fois à la retraite.


Historiquement, les premiers régimes obligatoires en France fonctionnaient par capitalisation, avant de basculer vers la répartition à partir des années 1940. Ce choix a été motivé par la nécessité de continuer à payer les pensions des retraités alors que le système par capitalisation de l'époque faisait face à des difficultés (comme l’inflation des années 1930 qui érodait la valeur des fonds).


Aujourd’hui, la France est un pays de l’OCDE où la capitalisation est peu développée dans le système de retraite général. Elle existe pour certains publics spécifiques, comme le Régime Additionnel de la Fonction Publique (RAFP), le régime du Sénat, de la Banque de France ou des pharmaciens.

Les Atouts de la Capitalisation selon les Experts


Pourquoi un retour de la capitalisation est-il envisagé ? Les défenseurs de ce modèle mettent en avant plusieurs bénéfices potentiels :


1. Moins de Dépendance Démographique

Contrairement à la répartition, le système par capitalisation n’est pas directement menacé par le vieillissement de la population. Puisque chacun épargne pour sa propre retraite (ou que les fonds sont gérés collectivement pour un groupe d’individus), le financement des pensions futures dépend moins du nombre d’actifs par rapport au nombre de retraités.


2. Un Meilleur Rendement Potentiel

Les investissements sur les marchés financiers ont, sur le long terme, démontré un rendement supérieur à la croissance économique ("r > g"). Les rendements réels (net d’inflation) des quelques régimes par capitalisation français existants se situent entre 2 % et 3 %, tandis que ceux de nombreux pays étrangers atteignent environ 3 % voire plus. En comparaison, le Taux de Rendement Interne (TRI) d’un régime par répartition a été d’environ 1,2 % en France sur les vingt dernières années.


3. Stimuler l’Économie

Abonder des fonds de pension doterait le pays de capacités d’investissement substantielles pour soutenir nos entreprises. Une part significative (estimée entre 15 % et 20 % par Bertrand Martinot) pourrait être investie dans des entreprises françaises, finançant ainsi l’innovation ou des secteurs stratégiques comme la défense ou la transition énergétique.


4. Réduire les Inégalités Patrimoniales

Le système de répartition actuel favorise l’épargne des plus aisés via des dispositifs fiscaux et ne donne pas accès aux fruits du capital à la majorité des actifs. Un système de capitalisation obligatoire pourrait démocratiser l’accès au capital, y compris pour les salariés modestes, comme l’avait défendu Jean Jaurès au début du XXe siècle.

L'Exemple de la Fonction Publique : Le RAFP

Le Régime Additionnel de la Fonction Publique (RAFP) est un exemple concret de capitalisation obligatoire en France. Créé en 2005, il permet aux fonctionnaires d’acquérir des droits à retraite basés sur leurs primes et indemnités, non prises en compte dans le régime de base.


C’est un régime par points, obligatoire pour tous les agents publics. L’agent et son employeur cotisent chacun 5 % des primes, dans la limite de 20 % du traitement indiciaire brut. Les cotisations (environ 3 Mds €/an) sont investies dans un fonds géré par l’ERAFP, avec une allocation diversifiée (40 % actions, 40 % obligations, 10 % immobilier, etc.).

Le rendement moyen du fonds depuis 2005 est de 4,3 %/an, avec 8,8 % en 2023 et 5,9 % en 2024. Cela a permis des revalorisations du point : +6,8 % en 2024, +4 % en 2025.


Bien que la pension additionnelle soit encore modeste (413 €/an en moyenne, 483 € pour la cohorte partie en 2024), elle est appelée à croître avec le temps.

Les Défis Actuels du Système et la Proposition d'une Transition Graduelle


  • Déficit croissant : 6,6 Mds € en 2025, 30 Mds € en 2045

  • Moins de naissances (800 000/an aujourd’hui vs 1,2 M dans les années 80)

  • Allongement de l’espérance de vie : +10 ans depuis 1960

  • Baisse du taux de remplacement : 43 ans de cotisation pour un taux de ~60 %, contre 37,5 ans pour ~74 % il y a une génération

  • L’inflation grignote la valeur réelle des pensions


Face à ce constat, certains proposent une transition progressive vers la capitalisation, avec maintien du système actuel pour les plus proches de la retraite et bascule graduelle pour les jeunes générations (moins de 40 ans).

Une Simulation Concrète d'une épargne par capitalisation

Prenons une personne qui cotise 300 €/mois pendant 35 ans, avec un rendement annuel de 6 % :
→ Capital final : ~415 000 €
→ Rente mensuelle : ~2 600 €
À comparer avec une estimation de pension par répartition : 1 200 €


Conclusions: Pour un effort constant sur cette période, un potentiel de retraite doublé*

*Attention : cette hypothèse repose sur un rendement de 6 %, qui n’est pas garanti. Le risque financier existe, mais peut être atténué par une gestion prudente et diversifiée.

Un Débat Complexe, des Pistes d’Évolution

Le principal frein : le coût de la transition. Il faudrait cotiser deux fois (pour les retraités actuels et sa propre retraite), pendant plusieurs décennies.
Le coût estimé : 300 à 400 Mds € pour une capitalisation partielle.


Solutions envisagées :

  • Réduction des pensions

  • Hausse des cotisations

  • Endettement

  • Nouveaux prélèvements

Une voie plus réaliste à court terme : développer les PER collectifs, en réorientant l’épargne salariale (participation, intéressement) vers la capitalisation, sans alourdir le coût du travail.

En Conclusion

La retraite par capitalisation n’est pas une solution miracle, mais face aux limites structurelles de la répartition, elle offre des perspectives intéressantes :

  • Rendement potentiel supérieur

  • Équité intergénérationnelle accrue

  • Financement de l’économie réelle

Le débat est complexe, mais incontournable si nous voulons garantir l’avenir de nos retraites.


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Karim Bahroune